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Asexuels et fiers de l’être
  • Source : Page HTLM (Anglais)
  • Auteur(s) : Sylvia Pagan Westphal (New Scientist)
    Publié dans Courrier International (2005 - N° 741) sous le titre : Libido au dessous de zéro : asexuels et fiers de l’être

  • Année : 2004
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Asexuels et fiers de l’être

Dans un monde où le désir peut s’acheter en pilule et où la peau est devenue un instrument de marketing incontournable, la vie de David Jay ne doit pas être facile tous les jours. A 22 ans, il n’a jamais eu de rapport sexuel, n’a jamais ressenti d’attirance sexuelle pour qui que ce soit et a du mal à imaginer que cela lui arrive un jour. Et il est loin d’être le seul. Beaucoup racontent, en effet, comment ils ont grandi sans parvenir à comprendre pourquoi tout le monde autour d’eux cherchait à tout prix à faire des rencontres, à s’embrasser, à se toucher ; autrement dit à sacrifier au rite de l’accouplement.

Récemment encore, ils se sentaient isolés, ne soupçonnant pas une seule seconde que d’autres pouvaient vivre la même chose. Mais, aujourd’hui, grâce notamment au forum de discussion créé par David, ils se trouvent et se regroupent sous une même étiquette. Ils se disent asexuels et font leur coming out auprès de leurs parents et de leurs proches. Pour eux, être asexuel est une orientation à part entière, au même titre que l’hétérosexualité ou l’homosexualité. Ils impriment des tee-shirts et des brochures et débattent de ce que signifie être a-sexy. Au fond, ils ne font que déclarer au reste du monde qu’ils ne sont ni cassés ni défectueux et qu’ils ne souffrent d’aucun dysfonctionnement sexuel. Ils ont, au contraire, une identité en bonne et due forme, avec laquelle il faudra désormais compter.

Il y a quelques mois encore, on aurait pu les considérer comme des marginaux auxquels un moteur de recherche donnait subitement le sentiment de former une communauté. Mais des études récentes, dont on a peu parlé, portant sur des rongeurs et des moutons, montrent que l’asexualité n’est pas un comportement rare chez les mammifères. De plus, en août dernier, un spécialiste de la sexualité humaine a publié les premiers chiffres d’une étude recensant le nombre d’asexuels au sein de la population américaine : il y en aurait apparemment près de 1 %. Une minorité clandestine réprimée serait-elle sur le point de se montrer au grand jour ? Serions-nous en train d’assister à la naissance de la révolution asexuelle ?

La découverte de notre sexualité, nous dit-on, est un processus tout à fait normal, dont il faut se réjouir. On peut sans doute chercher à la maîtriser, mais jamais à la nier. Même des concepts comme le célibat ou l’abstinence reconnaissent implicitement son existence, pour mieux la rejeter. La médecine nous explique, que si l’on perd tout intérêt pour le sexe, il faut consulter un spécialiste qui nous aidera à résoudre le problème. Pourtant, nombre d’asexuels découvrent leur asexualité au cours de leur préadolescence et en parlent comme si c’était quelque chose qui avait toujours été en eux.

Aspen, 17 ans, une jeune fille douce aux grands yeux bleus, vit à Worcester, dans le Massachusetts. Elle a cherché le mot “asexuel” dans le dictionnaire quand elle avait 15 ans, dans l’espoir de trouver une définition qui correspondait à ce qu’elle ressentait. Mais aucune des explications qu’elle y a trouvées n’a semblé lui convenir. Aussi a-t-elle noté dans son journal intime : “Que suis-je ? Encore une fois, je ne suis pas rien. Il doit bien y avoir un mot pour ça… S’il y avait un terme pour exprimer ce que je commence à penser que je suis, ce ne serait pas un mot – contrairement à ‘homosexuel’, ‘hétérosexuel’, ‘bisexuel’ ou ‘transsexuel’– avec l’élément ‘sexe’ dedans. Je suis autre chose.

” Angela, 40 ans, écrivaine vivant dans le Massachusetts, explique pour sa part : “De toute ma vie, jamais je ne me suis intéressée au sexe. C’est comme l’algèbre. Je comprends le concept, mais ça ne m’intéresse pas. Je n’en ressens pas le besoin, contrairement au reste du monde.”

Quant à David Jay, ce n’est certes pas un mannequin de chez Calvin Klein, mais il n’est pas dénué de charme. Il ressemble à l’un de ces fils du clan des Kennedy, grand et svelte, au regard sombre mais chaleureux et à la bouche de dieu grec à faire pâmer les filles. On aurait donc tort de croire que les asexuels rejettent tout rapport parce qu’ils ne peuvent pas en avoir, il en est la preuve vivante. Je lui demande si on n’a jamais essayé de le convertir à la cause du sexe. “Oui, bien sûr. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai embrassé une fille”, me confie-t-il. Ça n’a pas changé grand-chose. Il a tout de même entretenu une relation – non sexuelle – avec la fille en question. “Nous avions une relation physique plus intime à bien des égards. Nous nous prenions tout le temps dans les bras l’un de l’autre.”

Le fait que David puisse “aimer” des filles n’est qu’un des nombreux aspects étonnants que je découvre peu à peu en interrogeant les membres de la communauté asexuelle. Il y en a, par exemple, qui n’ont jamais éprouvé le besoin de se rapprocher des autres et se définissent comme des solitaires. D’autres recherchent la compagnie d’un garçon ou d’une fille, mais uniquement sur le plan affectif. Ils veulent trouver un ou une partenaire avec qui partager leurs centres d’intérêt et passer du temps, sans toutefois aucune forme de relation sexuelle. En outre, si certains peuvent ressentir quelque excitation sur le plan physique, ils n’ont pas la moindre envie d’aller plus loin avec leur partenaire.
Toutes ces expériences différentes semblent indiquer qu’il existe de multiples raisons à leur manque d’appétit sexuel. Certains d’entre eux peuvent tout simplement avoir des pulsions sexuelles extrêmement faibles, malgré une attirance naturelle envers le sexe masculin ou féminin. D’autres pourraient bien former une quatrième catégorie aux côtés des hétéros, homos et bis, à savoir des individus qui ne seraient attirés par aucun des deux genres, en dépit de pulsions sexuelles normales.

Il n’existe pour le moment aucune définition officielle pour l’asexualité, mais il faudra probablement prendre en compte toutes ces différences, comme le fait remarquer Anthony Bogaert, psychologue et spécialiste de la sexualité humaine à l’université Brock de Sainte-Catherine, au Canada. “Notre critère, c’est l’envie ou non d’avoir des relations sexuelles avec les autres”, explique Brian, un vétéran de la marine vivant en Virginie. Quant à la question des enfants, si certains reconnaissent qu’ils aimeraient effectivement en avoir, la plupart affirment qu’ils auraient recours à la fécondation in vitro pour éviter tout rapport.

Elizabeth Abbott, qui enseigne à l’université de Toronto, au Canada, fait partie des rares universitaires à avoir conscience du problème. Selon elle, il s’agit d’un phénomène réel. Peu après la parution, en 1999, de son livre A History of Celibacy [Histoire universelle de la chasteté et du célibat, éditions Fides, 2001], elle a commencé à recevoir des quantités de lettres de lecteurs lui expliquant que, à l’instar de ceux qui avaient fait vœu de chasteté, ils n’avaient aucune vie sexuelle. Pour eux, cependant, ce n’était pas une question de choix : ils n’en avaient tout simplement pas envie. “Un asexuel peut très bien être marié”, note Mme Abbott. La pression sociale est telle que la plupart d’entre eux restent effectivement très discrets. “Ils sont obligés de se cacher, car nous vivons dans une société fortement sexualisée. Imaginez donc quelqu’un qui ne soit pas intéressé par le sexe et qui, en plus, puisse parfaitement s’en passer. Il n’y aurait pas grand monde à qui il puisse en parler”, poursuit-elle. La véritable identité de cette tranche de la population n’a pas encore été établie. “C’est une catégorie qui n’a pas été comptabilisée, socialement parlant. Elle ne fait tout bonnement pas partie du paysage”, commente Edward Laumann, de l’université de Chicago, dans l’Illinois, une sommité en matière de sexualité humaine. Et Mme Abbott de renchérir : “Il va bien falloir admettre un jour que l’asexualité est une caractéristique avec laquelle on naît, comme le fait d’avoir les yeux bleus.”

Dans le milieu universitaire, le débat sur l’asexualité est pratiquement inexistant – pour l’instant, du moins. “On n’en parle pas du tout, et il n’y a rien d’écrit sur la question”, rapporte Nicole Prause, étudiante de 3e cycle à l’université de l’Indiana à Bloomington, qui a réalisé l’une des toutes premières études sur le sujet. Cela vient en grande partie du fait que les recherches sur la sexualité humaine se sont principalement concentrées sur les problèmes engendrés par l’activité sexuelle, tels que les maladies sexuellement transmissibles ou la grossesse chez les adolescentes. Et, même lorsque les chercheurs finissent par se pencher sur la question, c’est toujours à partir du postulat que l’inactivité sexuelle est un problème devant être résolu. “Le désir sexuel hypoactif” figure dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders [Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux], la bible en matière de psychologie et de psychiatrie. On peut y lire qu’il survient à l’adolescence et peut durer indéfiniment. Il est considéré comme un trouble s’il est mal vécu par la personne qui en est atteinte. Le peu de recherches dont on dispose sur les mammifères dits asexuels indiquent qu’un tel comportement n’est en fait pas si rare. Des études sur les rats et les gerbilles menées dans les années 1980 ont en effet montré que 12 % des mâles d’une population ne sont pas intéressés par les femelles. Mais, en raison de la forte agressivité des mâles, il a été impossible de mettre ces individus dans une cage en présence d’autres mâles afin de vérifier si leur manque d’intérêt pour les femelles était lié à une attirance homosexuelle.

Dans les années 1990, cependant, trois équipes distinctes appartenant respectivement au Centre américain d’expérimentation sur le mouton, à Dubois, dans l’Idaho, à l’université d’Etat de l’Oregon, à Corvallis, et à l’Université de la santé et des sciences de l’Oregon, à Portland, se sont attaquées à la question. Au cours d’une de ces études, les chercheurs ont placé de jeunes béliers parvenus à la maturité sexuelle avec des femelles dans un enclos à dix-huit reprises, dans le but d’évaluer leurs préférences sexuelles. Comme il fallait s’y attendre, une majorité d’entre eux se sont accouplés aux brebis, mais 10 % sont restés indifférents. Ces derniers ont ensuite été enfermés en présence de deux mâles et de deux femelles, et des tests de comportement ont été menés pour mesurer le nombre de fois où ces animaux faisaient preuve d’“intérêt” (coups de patte, cris, reniflements, tentatives de saillie) envers l’un des membres des deux sexes. Certains béliers – entre 5 et 7 % de la population – ont essayé de renifler d’autres mâles et de s’accoupler avec eux. Curieusement, 2 à 3 % n’ont montré aucun signe d’intérêt ni pour les mâles ni pour les femelles. “Ils n’ont aucune envie de s’accoupler et semblent totalement asexuels”, a rapporté Frederick Stormshak, de l’équipe d’Oregon. Cette préférence asexuelle était toujours valable un an plus tard, lorsqu’on a renouvelé l’expérience. D’après Stormshak, ces béliers pourraient tout à fait servir de modèle pour une meilleure compréhension du comportement asexuel chez les mammifères. On pourrait notamment mesurer leur taux d’hormones pour voir s’il diffère de celui du reste de leurs congénères.

Toute comparaison entre des espèces aussi différentes que l’homme et le mouton prêterait certes à controverse. Il faut donc rester prudent. Mais les seules études dont nous disposons sur l’asexualité humaine proviennent d’enquêtes et de témoignages d’individus déclarant ne pas avoir de relations sexuelles. De toute évidence, cette catégorie comprend non seulement des personnes qui se considèrent comme asexuelles, mais aussi d’autres qui n’ont tout simplement pas de rapports sexuels – pour quelque raison que ce soit. Néanmoins, ces enquêtes ne sont pas dénuées d’intérêt. En 1994, Edward Laumann a publié l’une des enquêtes les plus célèbres sur la sexualité [The Social Organization of Sexuality : Sexual Practices in the United States, University of Chicago Press] en s’appuyant sur un questionnaire extrêmement détaillé auquel ont répondu près de 3 500 Américains de tout bord et de tout âge. Il a montré que 13 % des personnes interrogées n’avaient pas eu de rapport sexuel depuis un an. Quarante pour cent d’entre elles s’estimaient “parfaitement” ou “très heureuses” malgré cela. L’étude a également révélé que 2 % de la population adulte n’avait jamais eu d’expérience sexuelle, même si cela ne nous dit pas s’il s’agissait ou non d’un choix délibéré. Depuis peu, les recherches commencent à se concentrer davantage sur le désir, considéré comme un critère plus efficace pour évaluer les différentes orientations sexuelles.

Anthony Bogaert vient de publier la toute première estimation de l’asexualité au sein de la population. Ses résultats sont plus que surprenants. Pour son analyse, le spécialiste s’est inspiré d’une autre étude, publiée en 1994 et réalisée auprès de 18 000 personnes au Royaume-Uni. Bien qu’elle ne porte pas spécifiquement sur l’asexualité, elle comprenait néanmoins une section consacrée à l’attirance sexuelle, où l’on pouvait cocher la phrase suivante : “Je ne me suis jamais senti attiré par quelqu’un sexuellement.” Le psychologue a constaté avec surprise que 1 % des personnes interrogées avaient choisi cette réponse, un chiffre qui n’est pas si éloigné des 3 % qui se disent attirés par des individus de même sexe.

Le sentiment d’appartenir à une communauté vient en grande partie du lien virtuel qui les unit et grâce auquel ils communiquent en permanence. “Le web nous a permis de nous regrouper”, précise Brian. Asexual Visibility and Education Network (AVEN) est un forum créé en 2001 par David Jay () qui fournit quantité d’informations sur l’asexualité ainsi que sur plusieurs groupes de discussion. Il est passé de moins de 50 membres à ses débuts à plus de 1 200 aujourd’hui. Des internautes des quatre coins de la planète ont visité le site, de l’Arabie Saoudite au Japon en passant par Cuba. La boutique en ligne d’AVEN propose déjà des articles visant à éveiller les consciences et à susciter l’adhésion. Un tee-shirt proclame : “Il n’y a pas que les amibes qui ont le droit d’être asexuelles”. David Jay a travaillé dur pour sensibiliser le public à la question. Il a multiplié les conférences, les contacts avec d’autres organisations et les interventions auprès des médias. Selon lui, l’activisme asexuel se transforme peu à peu en véritable mouvement politique. “C’est intéressant, parce que nous pouvons nous inspirer du mouvement gay, même si les choses sont très différentes aujourd’hui. La société est beaucoup plus disposée à accepter la différence sexuelle qu’auparavant.”

Même si Anthony Bogaert et ses confrères trouvent légitime l’idée d’un mouvement asexuel, elle risque cependant d’avoir moins d’impact et de dynamisme que la révolution gay, la notion d’asexualité étant somme toute assez peu polémique. “Elle ne suscite ni dégoût ni intérêt”, commente Mme Abbott. Mais qui sait si, dans dix ans, nous ne vivrons pas dans un monde où être “a” sera furieusement tendance ?
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