Le forum I - TRANS - Transgenre et Transsexualité | Transidentité - Infos et Rencontres

Petit texte sans prétention qui rappellera peut-être des souvenirs à certaines.


Je fus prise par surprise, une moiteur visqueuse se rua sur moi dès l'ouverture des portes coulissantes, et en moins de deux minutes, j'étais en nage. Je suivis ma jeune accompagnatrice jusqu'à une limousine avec chauffeur, dans laquelle nous montâmes. Je remarquais un dessin sur la garniture de toit au-dessus du chauffeur. Certainement, un dessin de protection. Je constaterai, plus tard, que tous les véhicules en possédaient un.
Après avoir quitté l’aéroport Suvarnabhumi de Bangkok, nous roulions maintenant sur un périphérique à cinq voies, puis ce furent de grandes avenues encombrées de véhicules, jusqu'à l'arrivée à l’hôtel. Un hôtel de douze étages, avec un planton à l'entrée qui vous fait un salut militaire, lorsque vous passez devant. Après les formalités d'usages, je pris possession de ma chambre.

Je n'avais jamais vu une chambre aussi grande. Deux grands lits deux places, un coin salon avec canapé et deux fauteuils, tout ça pour moi toute seule, et bien sûr, une grosse climatisation afin d'éviter qu'il ne fasse rapidement trente degrés. Par la baie vitrée aux vitres teintées, s'offrait à moi l'immensité de l’agglomération avec, au loin, les tours du centre-ville. En bas, des bungalows appartenant à l'hôtel, entourés de végétation luxuriante. Plus loin, un petit terrain de foot en piteux état et des immeubles modernes côtoyant des abris en tôles, sans oublier, une grosse ligne à haute tension, passant non loin de là.

Surtout ne pas s'endormir, sous peine de passer plus tard une nuit blanche à cause du décalage horaire. La jeune fille vint me visiter un moment après afin de m'expliquer le déroulement de mon séjour, ainsi que tout ce que je pouvais faire et manger, ou pas. Je compris vite qu'un jeûne léger de quarante-huit heures commençait pour moi et cela ne me posa aucun problème. J'apprendrai, plus tard, que la jeune fille était mère de deux enfants et qu'elle avait, en réalité, bientôt trente ans. Elle ne faisait vraiment pas son âge.
Je me sentais perdue et en même temps contente d'être là. C'était la première fois que j'étais si loin de chez moi et une envie de pleurer m’assaillit, mais je ne faiblis pas, je savais pourquoi j'étais ici, et je pris sur moi, comme d'habitude.
L'heure de déjeuner approchant, je descendis au restaurant et découvris une grande salle avec beaucoup de tables de toute taille et forme. Un magnifique piano à queue trônait sur une scène avec quelques instruments et matériel de sonorisation. Il y avait du monde, mais l'endroit n'était pas très bruyant. Je m’attablai et observai les personnes présentes. Il y avait bien sûr des Thaïlandais, mais aussi pas mal de filles de type caucasien. En écoutant attentivement, je remarquai que la majorité parlait en anglais. Plus tard, j'apprendrai qu'il y avait parmi ces filles, des Américaines, des Québécoises, Australiennes et j'en passe. Et puis, surtout, deux Françaises. Enfin quelqu'un à qui parler ! L'une d'elle était là pour une retouche et l'autre, pour la même raison que moi. Du coup, je me sentis moins seule et cela me fit du bien.

Vint le moment tant redouté de la purge des intestins. On m'en avait parlé et il était apparu, que la boisson à prendre valait le détour, ou pas. Je pris mon courage à deux mains et avalai le contenu de la bouteille de Swift. Putain, c'est dégueu ! J'avalai un peu d'eau dans l’espoir de faire passer le goût. Grossière erreur, j'apprendrai plus tard qu'il valait beaucoup mieux prendre un jus de fruit, quel qu'il soit. Finalement, cela se passa en douceur et ce fut un soulagement.

Les quarante-huit heures sont passées. Demain, c'est le grand jour. Je me regarde dans le grand miroir de ma chambre et me remémore le chemin parcouru. Je prends mon reflet en photo, histoire de figer ce moment, avant de passer à la suite. Je suis dans un état lamentable, mais de cela, j'ai finalement l'habitude. Je sais que je me serais noyée il y a longtemps, si je n'avais pas eu la perspective de cette opération pour me tenir la tête hors de l'eau.

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Michèle