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Message non luPosté: 23 Mar 2018 22:59 
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(si ce topic est mal placé, n'hésitez pas à le mettre ailleurs).
Je fais ce petit compte-rendu parce que ce sont des infos qui m'ont terriblement manqué quand ma fille, 6 ans et demie au début, donc, a commencé à vraiment exprimer clairement un désir d'être un garçon. C'était déjà présent avant (avoir des infos me manquait déjà beaucoup) mais à ce moment-là, c'est devenu vraiment difficile et j'aurais aimé avoir connaissance de tout ce que m'a expliqué cette psy, donc j'espère qu'essayer de le relater ici (essayer, parce que je ne prétends pas me souvenir parfaitement de tout) pourra aider d'autres parents ayant des interrogations similaires s'ils passent par ici.

J'ai donc rencontré le Dr Bargiacchi (doctoresse formidable, à l'écoute, apaisante, rassurante... Je n'aurais pu espérer mieux) à l'hôpital Debré, à Paris, avec mon compagnon, pour lui faire part de nos interrogations concernant notre fille, 7 ans, qui manifeste depuis qu'elle est en âge d'utiliser la parole et d'exprimer ses choix, un désir clair d'être un garçon (passer ici pour plus de détails si besoin).
Et voici ce que je peux retranscrire concernant ce qu'elle nous a expliqué :

Actuellement, selon les connaissances que l'on a, et qui restent faibles concernant la transidentité chez les enfants (il y a encore très peu d'études qui ont été faites), on peut dire ceci :
- On ne sait pas ce qui va faire qu'un enfant va se sentir d'un autre sexe que celui assigné à sa naissance.
- On ne sait pas ce qu'il faut faire face à ça.
- Par contre, on sait ce qu'il ne faut PAS faire, c'est à dire toutes les "thérapies" qui ont été tentées pour essayer de faire "changer d'avis" l'enfant, ou toutes les démarches visant à convaincre l'enfant qu'il a tort, qu'il doit accepter son sexe de naissance, etc. (ça peut paraître évident dit comme ça, mais c'est important de le dire quand même, je pense).
- Sur tous les enfants qui expriment, de manière prolongée comprise, un désir d'être de l'autre sexe, ou disent être de l'autre sexe que leur sexe assigné à la naissance, seuls 15 à 25% persisteront à l'adolescence (il n'y a eu que deux études à ce sujet, d'où ces deux chiffres, je suppose).
- On n'a pas pu identifier actuellement de caractère "prédominant" laissant penser qu'un enfant se trouvera plus dans ces 15/25% ou dans les 75/85 autres %.
- Cependant, il semblerait que si l'enfant présente l'un des trois caractères suivants, il y a plus de possibilités qu'il soit dans ces 15/25%, et ces trois caractères sont : Sexe garçon à la naissance, discours sous forme de "je suis (de tel sexe)" plutôt que "je voudrais être...", et j'ai un gros doute sur le troisième mais je crois bien que c'est lorsque cette demande/expression de ressenti survient au moment de l'adolescence.
- La période décisive est bien sûr celle de la puberté/début de l'adolescence. Là, si le désir d'être de l'autre sexe persiste, il est fort probable qu'il persiste ensuite toute la vie.
- Pour les autres enfants, toutes les possibilités sont existantes : l'enfant pourra finalement vivre très bien dans son sexe assigné à la naissance, pourra trouver son équilibre de genre à sa façon... Tout est possible.
- Concernant la période critique/décisive de la puberté, les premiers signes vont être ceux sur lesquels il faudra être particulièrement vigilants quant au vécu de l'enfant, soit le début de la poussée de la poitrine chez les filles et le début de l'augmentation des testicules chez les garçons, et alors s'il y a une souffrance, c'est aussi à ce moment-là que les bloqueurs de puberté pourront être utilisés.
- Les bloqueurs de puberté constituent un traitement possible, sans incidence connue actuellement sur la santé et sur le développement (autant physique que neurologique) et totalement réversible. Leur intérêt est vraiment d'éviter une souffrance en se donnant un laps de temps supplémentaire avant de prendre une décision.
- Le traitement hormonal n'a aujourd'hui plus d'âge limite devant être atteint pour être débuté. Auparavant, il fallait attendre 16 ans. Aujourd'hui, on peut le commencer plus tôt et il est donc plus souvent débuté vers l'âge de 14 ans, ce qui correspond à l'âge de la puberté.
- Il est quasi réversible également. Le seul développement sur lequel aucun retour en arrière ne sera possible est le développement des cordes vocales (et là elle nous a dit ça concernant les filles, mais maintenant je ne sais pas s'il y a aussi des caractères non réversibles pour les garçons) qui, s'il y a retour en arrière, nécessitera alors de l'orthophonie.
- Concernant la taille de l'enfant, jusqu'ici on pensait que les hormones n'avaient pas d'effet mais finalement on a constaté un léger gain chez les enfants de sexe féminin à la naissance en prenant lors de leur puberté.
- Toutes les décisions pouvant être prises se font dans tous les cas de manière collégiale. Le groupe se réunissant pour parler de chaque enfant est constitué d'une quinzaine de personnes, représentant les 3 pédopsy spécialisées de Paris (sur 2 établissements différents, si je ne me trompe pas : La Salpétrière et Debré), de psychologues, d'endocrinologues, d'orthophonistes, de psychomotriciens, de représentant(s) d'une association de familles...
- Il n'est plus nécessaire d'être opéré pour changer de nom et de genre officiel (ce depuis peu).
- Il y a aujourd'hui beaucoup moins de recours à la chirurgie, du fait de ces avancées.
- La dysphorie de genre est encore aujourd'hui inscrite dans la classification des pathologies psychiatriques, alias le DSM, mais les associations militent contre et ce n'est pas à prendre comme le fait qu'il s'agit d'une "maladie psychiatrique" : ça sert surtout à avoir un vocabulaire commun actuel, et c'est de toute façon voué à disparaître de ce DSM. C'est une avancée qui est attendue aussi.
- S'il n'y a pas de souffrance, on ne parle pas forcément de "dysphorie" mais de "(et là j'ai perdu le nom...) de genre" (c'est un truc genre incon... Je ne sais plus). Bref, c'est reconnu même sans qu'on y associe forcément une souffrance, quoi.
- Concernant la transition sociale pour les enfants, actuellement l'équipe de Paris ne conseille pas d'en faire une à l'école.
- Par contre, il est possible de la faire à la maison, dans des activités extrascolaires... C'est au cas par cas, en fonction des familles, des situations personnelles, des choix de chacun...
- On ne sait donc pas comment un enfant va évoluer au moment de son arrivée à l'adolescence, mais on sait qu'on n'a aucun poids dessus. Rien de ce que pourront faire les parents/de ce que pourra faire l'entourage n'aura d'influence à ce sujet.
- La seule chose sur laquelle les parents/l'entourage a une influence, c'est sur le bien-être de l'enfant durant cette période de sa vie.
- Il faut écouter l'enfant, lui dire qu'on l'entend, qu'on entend sa demande, qu'on est là près de lui pour l'écouter et l'aider, qu'on sera là toujours pour ça...
- Le reste, le choix de changement de vêtements, de coupe de cheveux, de prénom dans le cadre familial ou dans d'autres activités, etc. est à l'appréciation de chacun, en fonction de ce qu'exprime l'enfant, de son propre ressenti, de l'évolution de l'enfant, de sa propre évolution, etc.
- Les parents peuvent le vivre/répondre à ces demandes différemment, il suffit de l'expliquer simplement à l'enfant.
- C'est peut-être évident aussi, mais il faut quand même le dire : les parents n'ont bien sûr pas de "cause" à chercher venant de leur part. C'est comme ça, ce n'est ni leur faute ni leur responsabilité. Il faut accepter l'enfant tel qu'il est et, bien sûr, l'écouter et l'épauler.
- Concernant ce que peut comprendre l'enfant de ce qu'implique le fait de "devenir (de l'autre genre/sexe)", il faut bien évidemment lui en parler, mais on n'est pas obligé d'aller dans le dramatisme pour autant. Il faut lui dire que ce sera dur, que ce sera long, qu'il va falloir beaucoup s'accrocher, que certaines choses seront possibles et pas d'autres, bien sûr, mais aussi lui dire qu'il/elle sera heureux.
- Concernant la fratrie, il faut en parler aussi avec les autres enfants, leur expliquer ce qu'il se passe, leur dire que eux aussi peuvent faire leur choix (d'appeler leur frère/sœur par un autre prénom ou non, notamment) en fonction de ce qu'ils se sentent prêts à faire, et leur dire aussi à eux que leur frère/sœur sera heureux.se.
- Il n'existe pas actuellement de livres autant pour les enfants que pour les parents sur le sujet (concernant des enfants aussi jeunes, donc).
- Concernant les reportages/vidéos, on en a un peu parlé et elle nous a conseillé "Devenir il ou elle". Je ne l'ai pas encore regardé mais je vois qu'il est ici, pour le lien : Devenir il ou elle.
- Aucun suivi psychologique n'est nécessaire si l'enfant ne manifeste pas de souffrance : l'emmener voir un psy serait même contre-productif dans la mesure où ce serait pointer ses demandes/ressentis comme un problème/une maladie alors que ce n'est pas le cas.
- Par contre, cette pédosy préfère rencontrer l'enfant avant ses 8 ans, c'est à dire avant l'âge le plus précoce auquel pourrait survenir la puberté, et ce pour discuter avec lui et être "déjà sur le coup" (ce sont mes propres mots) au cas où la puberté survienne aussi tôt.

Et... voilà. Si j'en ai d'autres qui me reviennent j'éditerai mais c'est déjà pas mal...

Je tiens quand même à dire que ce RDV nous a fait énormément de bien, à mon compagnon et à moi. Je me sens beaucoup plus apaisée, il se sent beaucoup moins stressé, on a pu faire un retour de ce RDV avec ma fille et ça s'est super bien passé, on a pu faire de même avec son grand frère et ça s'est super bien passé. Et on va reprendre RDV avec elle pour lui emmener notre fille avant cet été. Ça a été un apport énorme pour notre famille. Je conseille vraiment aux parents pouvant se trouver dans une situation similaire de faire cette démarche aussi. :)


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Message non luPosté: 24 Mar 2018 11:36 
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Autre ligne (j'ai oublié) :

- C'est une ALD (affection longue durée) hors liste, pour la sécurité sociale, ce qui veut dire que les soins/médicaments/RDV chez des spécialistes sont pris en charge à 100% par la sécu.


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Message non luPosté: 24 Mar 2018 11:53 
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Ah oui, il y a aussi :

- Il n'y a pas d'association existante vraiment typiquement pour les parents d'enfants trans.
- Elle n'a pas pu me donner de contact d'autre psy/organisme/assoc avec qui poursuivre ce suivi dans le reste de la France : ça se passe donc forcément, actuellement, sur Paris.


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Message non luPosté: 30 Mar 2018 19:15 
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Inscription: 08 Jan 2017 17:58
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merci pour ton travail de rédaction, y compris celui ton blog

_________________
La drague c'est comme le cortisol : il en faut pour vivre mais on s'en habitue et quand y en a trop ça tourne mal.

t
ransitionner c'est s'abandonner à soi


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Message non luPosté: 01 Avr 2018 18:36 
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Merci. :)


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Message non luPosté: 02 Avr 2018 19:17 
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ÉDIT (en gras) pour cette ligne (merci pour la remarque en MP) :

- C'est une ALD (affection longue durée) hors liste, pour la sécurité sociale, ce qui veut dire que les soins/médicaments/RDV chez des spécialistes sont pris en charge à 100% par la sécu (hors dépassements pouvant être pratiqués par certains médecins, bien sûr).


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Message non luPosté: 12 Avr 2018 23:25 
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Inscription: 27 Oct 2017 14:16
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Tiens, lire un article de la SOFECT (mis en lien sur le forum, merci !) me permet de retrouver le terme que je n'arrivais pas à retrouver : "incongruité de genre" (quand il n'y a pas de dysphorie, donc).


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Message non luPosté: 26 Juin 2018 09:45 
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Je ne peux pas éditer mon premier article (dommage) mais, vu que je m'étais plantée sur certains éléments/que j'en ai eu d'autres depuis, j'ai refait tout un article (éditable ^^) que j'ai posté ici :

Image
Enfance et transidentité - tout ce qu'il faut savoir

Pour les parents curieux, ça se passe donc par ici. :)


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Message non luPosté: 26 Juin 2018 14:15 
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Inscription: 29 Juil 2017 19:52
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Ton témoignage est d'une immense valeur ! Merci de partager le parcours de ta famille :)


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Message non luPosté: 27 Juin 2018 17:15 
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Merci beaucoup ! :)


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